1 - African Agriculture: The Next 25 Years Old Problems, Old Solutions and Scientific Foibles
Corresponding Author(s) : Archie Mafeje
Africa Development,
Vol. 12 No. 2 (1987): Africa Development
Abstract
RESUME
L'Afrique traverse une crise politique et économique d'une gravité telle qu'elle a attiré l'attention des organismes internationaux et de leurs "experts". Il est désormais manifeste que contre toute attente, l'idéologie des experts étrangers et leur culture intellectuelle compliquent le problème africain au lieu de les amener à procéder à une réévaluation critique de celui-ci en ce sens qu'ils se réfugient derrière de vieilles hypothèses et théories de développement jugées fiables à l'époque; ce qui revient trop souvent à louer les mérites de la théorie et de la pratique bourgeoises. Par ailleurs en se faisant passer pour les
seuls à disposer de connaissances valables, ils font perdre aux connaissances africaines ' leur valeur. Cette attitude englobe inéluctablement les chercheurs africains que l'on estime donc incapables d'avoir des connaissances expertes. C'est là l'une des tragédies du système international d'aide extérieure et d"'experts" étrangers.
L'article exhorte les universitaires africains à faire preuve de vigilance et à ne plus "consommer" tout simplement les connaissances reçues. Pour ce faire ils pourraient, en se fondant sur leurs propres connaissances acquises sur place, soumettre les prétendus rapports d'experts à un examen critique, seul moyen pour eux de parvenir à la vérité et de révéler aux populations africaines ce qu'on leur cache. Une telle attitude appelle cependant une bonne connaissance préalable de la situation locale et une forte sensibilité aux besoins et aspirations des populations locales. Cela nécessite aussi que les universitaires africains laissent tomber l'êpistêmologie des sujets et des objets lorsqu'ils produisent des connaissances à des fins de développement social et qu'ils écartent l'instrumentalisme des agences internationales, qui tente d'isoler les facteurs techni ques des facteurs sociaux.
La totalité des rapports rédigés depuis peu sur l'Afrique, notamment ceux de la Banque Mondiale et du FMI contiennent des exemples illustrant bien notre propos. C'est cependant le rapport de la FAO intitulé l'Agriculture africaine: les 25 prochaines années, qui est le plus édifiant du point de vue du développement agricole. En effet l'accent y est placé sur les facteurs techniques et physiques. Les institutions sociales en Afrique y sont mentionnées, bien sûr, mais la plupart de celles-ci sont perçues de façon erronée du fait même que leur dynamique interne ne soit pas correctement appréhendée. La lacune la plus perceptible apparaît néanmoins au niveau de l'étude des rapports sociaux dans les sociétés agraires en Afrique; capital et travail d'une part et répartition du pouvoir politique et extraction de surplus d'autre part figurent respectivement dans ce rapport sous la forme "absence de main-d'oeuvre agricole?' et "tendance dans les villes". Or il ne fait aucun doute que l'un des éléments spus-tendant la crise qui sévit actuellement en Afrique c'est le problème de l'exploitation des classes et de la domination politique. Nous avons là la preuve qu'il s'avère indispensable de revoir les relations politiques et les rapports de production en Afrique. Sur le plan théorique cela signifie qu'il convient de réviser les hypothèses en vigueur concernant l'orientation du développement de l'agriculture africaine et son objectif. Pour la FAO c'est un fait que l'agriculture africaine est marquée par l'accumulation capitaliste d'une part et par le développement de rapport capitalistes de production d'autre part. Compte tenu de la réalité africaine ce postulat se justifie-t-il?
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