6 - State and Society in Kenya: The Disintegration of the Nationalist Coalitions and the Rise of Presidential Authoritarianism 1963-78
Corresponding Author(s) : Peter Anyang 'Nyong'O
Africa Development,
Vol. 11 No. 4 (1986): Africa Development
Abstract
Pourquoi faut-il que les dirigeants politiques jouent un rdle au prépondérant dans la vie politique en Afrique, au point que l départ de la scène publique crée de sérieux problèmes sociaux? Est- dire que des classes dirigeantes efficaces et hégémoniques, font défaut Afrique ou que l'ensemble des contradictions sociales favorisen domination des hommes forts?
Il faut, affirme l'auteur, chercher la réponse à ces questions dans la sociologie de la conduite des affaires politiques en Afrique, dans l'histoire de l'accession au pouvoir de ces individus et dans les intérêts des forces sociales qui cherchent à profiter du pouvoir, de l'intérieur comme de l'extérieur. Les qualité personnelles sont également un atout qui permet à un individu de jouer un rôle prépondérant une fois qu'il assume des fonctions présidentielles. En d'autres termes, des qualités personnelles telles que l'ambition et la compétence triomphent ou échouent, selon que les individus savent ou non reconnaître, utiliser, persuader ou même manipuler les forces sociales, et s'en servir comme tremplin pour assouvir leurs ambitions profondes. De même, les forces sociales en tant qu'acteurs historiques concrets, organisés ou non, cherchent également à ménager leurs intérêts en soutenant la carrière de ces individus. En dernière analyse, les revers de fortune de l'un ou l'autre de ces dirigeants sont davantage le fait de changements intervenant dans l'équilibre des forces sociales.
Depuis l'époque coloniale, il y a eu deux transferts de pouvoir en Afrique: d'une part, des colons aux nationalistes et d'autre part des colons à des présidents autocrates et même dictatoriaux. L'autoritarisme présidentiel naît lorsque le pouvoir politique est tellement concentré entre les mains du président que des décisions administratives ne sont légitimées que si l'on peut se prévaloir de la bénédiction ou de l'aval du président. Il est vrai que l'article décrit l'évolution historique de l'autoritarisme présidentiel au Kenya, mais il faut espérer que ses conclusions permettront d'établir un parallèle avec des processus politiques d'autres pays africains.
Dans le cas du Kenya, l'autoritarisme présidentiel est né et s'est développé comme un appareil du pouvoir étatique et témoignait de l'évolution et de l'organisation sociale du pouvoir politique. Le Kenya est devenu indépendant non sous la houlette d'un parti dominant mais sous la direction d'une coalition d'organisations nationalistes. L'absence d'une organisation hégémonique de la bourgeoisie au pouvoir, susceptible de présider à la destinée du mouvement nationaliste donna lieu d des rivalités entre factions, chaque faction essayant d'user de son influence et de se servir des organisations pour dominer les autres. Il arriva donc que le pouvoir politique réel de la bourgeoisie fut directement associé aux sens propre et figuré à la présidence. Comme le président en fonction était obligé d'arbitrer quotidiennement les différends opposant des factions rivales de la bourgeoisie et de servir de médiateur entre elles et les masses la présidence acquit une autonomie chaque fois plus grande vis-à-vis de la majorité des factions bourgeoises et devint le dépositaire du véritable pouvoir politique.
L'Etat post-colonial participa activement au processus d'accumulation capitaliste. Par la mise en place de plusieurs organismes para-publics, l'Etat devint le plus gros employeur, facilitant l'accès des classes moyennes à la propriété par l'octroi de crédits et grâce à des facilités de crédits. Dans ce contexte, une bourgeoisie bureaucratique vit le jour; cette nouvelle classe composée de grands commis de l'Etat, et utilisant leur pouvoir politique pour accumuler le capital à des fins personnelles, refusait de se compromettre.
L'esprit de discorde qui régnait et l'autoritarisme présidentiel émergent exacerbèrent les côtcrics, le triabalisme et le népotisme. Les emplois de la fonction publique et en particulier les postes de responsabilité étaient attribués sur une base ethnique, et cette situation s'aggrava du point que la bourgeoisie bureaucratique faisait directement acte d'allégeance au président. Autrement dit, une communauté d'intérêts organisée au niveau national faisait défaut à cette bourgeoisie, car, leur loyauté se fondait sur des liens primitifs plutôt que sur des principes démocratiques, l'affiliation à un parti politique et la justice sociale.
Tout au long des années 1960, le Kenya connut une certaine expansion économique, bien que ce fût "une croissance réelle sans redistribution", qui contribua à asseoir la légitimité du régime de Kenyatta, fondée, sur l'idéologie du laissez-faire d'Harambee. L'on exhorta les masses à s'unir dans le cadre de l'effort d'édification nationale, en dépit de leurs différences sociales. C'est également au cours de cette période de croissance qu'eut lieu la démobilisation d mouvement syndical, l'assassinat ou la détention de chefs de l'opposition et l'instauration d'un système à parti unique qui engendra une crise de légitimité exacerbée par la crise économique mondiale des années 1970.
La crise économique fit ressortir les inégalités sociales croissa ainsi que les injustices du régime politique. Faute d'un parti polit hégémonique, l'Etat était la seule force sociale organisée que la bourgeoisie pouvait utiliser en cas de crise. A mesure que le cabinet présidentiel centralisait la plupart des pouvoirs, un système présidentiel autoritaire et rigide se renforçait face à la crise.
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