7 - The Crisis of International Migration in an Integrating West Africa: A Case Study of Nigeria and Ghana
Corresponding Author(s) : Yaa Frempomaa Yeboah
Africa Development,
Vol. 11 No. 4 (1986): Africa Development
Abstract
L'étude met en lumière les causes structurelles et la nature systématique des migrations dans la sous-région d'Afrique de l'Ouest et indique les remèdes que les Etats concernés y ont apportés et leurs effets sur les droits et les statuts des migrants, considérés comme une classe particulière de main- d'oeuvre exploitée dans le processus de développement de la sous- région. Les migrations de Ghanéens vers le Nigéria offrent de nombreux exemples concrets à cet égard.
Les migrations contemporaines de frontière à frontière ont une origine et un caractère distincts des courants précédents; déclenchées par l'expansion coloniale et les modèles ultérieurs d'intégration de la région au sein de l'économie mondiale, elles sont toujours favorisées par les déséquilibres structurels qui découlent de ces processus. La création d'un marché régional du travail qui a mis en branle d'importants courants migratoires en est un résultat patent. Ces migrants ne sont pas des réfugiés chassés par la famine, par des conflits politiques et/ou la guerre. Le thème examiné est celui d"'une population nombreuse et mobile de demandeurs d'emplois".
Les migrations de travailleurs, une réalité de notre siècle, ont néanmoins connu un changement quantitatif et qualitatif, en ce qui concerne leur rythme et leurs conséquences, au cours de la dernière décennie. Ce changement est une cristallisation de la crise de développement engendrée par la récession économique mondiale, par les modifications survenues dans la division internationale du travail et par les mutations intervenues dans l'Etat post-colonial et dans sa politique économique.
La récession que connaît actuellement l'économie mondiale a déclenché une crise générale du marché du travail qui a considérablement accru le nombre de chômeurs et de sous-employés de la région. Il convient de situer dans le contexte de cette crise les vagues de migrations en provenance du Ghana au cours de la dernière décennie et les expulsions massives des travailleurs immigrés du Nigéria. Face à la crise économique et au fléchissement consécutif de la demande en main-d'oeuvre, les immigrés clandestins, sont les premiers visés. Compte-tenu de la nature artificielle des frontières qui partagent des communautés politiques pré-coloniales en Afrique, l'éthnicité, la région et la religion sont des facteurs importants dans l'arène politique où les étrangers subissent trop souvent les conséquences de situations fâcheuses. Ils se heurtent à un appareil politico- juridique dans le cadre duquel les droits juridiques, politiques et civils leur sont niés. Les forts courants migratoires de frontière à frontière ont ceci de remarquable qu'ils tendent singulièrement â susciter de fortes effusions de nationalisme, encourageant l'affirmation de l'identité nationale, dans le meilleur des cas, mais désigant également les étrangers à la vindicte populaire lorsque la situation s'envenime comme il ressort clairement de l'emploi de certaines insultes courantes. Le mot "étranger" lui-même acquiert une connotation péjorative dans le langage populaire et a des relents de chauvisme en temps de crise. A cet égard, les mouvements de population à l'intérieur des frontières nationales et les limitations de l'émigration sont devenus des facteurs éminemment importants dans le cadre de l'édification d'une conscience nationale. Dans l'Afrique post coloniale, des mesures telles la ferméture des frontières, les expulsions massives d'étrangers et la réglementation limitant la participation des étrangers â la vie économique du pays ont renforcé un modèle de souveraineté nationale et d'intégrité territoriale centré sur l'Etat. Ces mêmes mesures servent à mobiliser le ressentiment contre les étrangers et partant à développer le sentiment populaire d'appartenance à une nation.
De même, faute de classes sociales bien structureées, les intérêts bureaucratiques qui se cristallisent autour de l'Etat-nation ont grandement contribué au processus de formation des classes. Ainsi les classes dirigeantes ont tendance à se servir du nationalisme et de l'ethnicité pour masquer la structure profonde des classes et leur incapacité à élaborer une stratégie de développement viable.
Après avoir analysé les tentatives faites par les gouvernements ouest-africains pour réglementer de concert les migrations, par le biais du processus d'intégration économique régionale mis en place par la CEDEAO, l'article établit un parallèle entre le modèle de la CEDEAO et l'école fonctionnaliste en ce qui concerne les facteurs déterminants des migrations de travailleurs. Tous les deux sont en effet des modèles axés sur le marché et ne tiennent pas compte du développement inégal de la sous-région ni des revirements fréquents de l'activité économique, qui ont fait des forts courants migratoires un mal endémique de l'ère contemporaine. Compte tenu de cette réalité, l'auteur souligne la nécessité d'une politique sous-régionale qui viserait à libéraliser les migrations et à protéger les travailleurs migrants.
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