3- Freedom and revolution in the thought of Frantz Fanon
Africa Development,
Vol. 2 No. 1 (1977): Africa Development
Abstract
L'auteur se refuse à présenter un examen critique de la pensée de Frantz Fanon, parce que d'autres auteurs l'ont fait et dans la plu part des cas leurs critiques ont été fondées sur une appréciation erronée de la démarche de Fanon. Son but est de définir certaines lignes de force dans la pensée et la vie du grand intellectuel et révolutionnaire antillais et, en guise d'introduction, il présente en des termes tr simples une note biographique. Il retrace l'évolution du jeune Martini quais, élève d'Aimé Césaire, étudiant en médecine en France, psychiatre, journaliste et révolutionnaire avec le F.L.N. d'Algérie jusqu'à sa fin tragique terrassé par la leucémie qui ne pardonne pas. Il démontre comment, à chaque étape de sa vie, les événements ont façonné la pensée de Fanon et sa révolte de constater que sa condition d'homme est surtout celle de l'homme noir, c'est-à-dire qu'on ne permet pas l'homme noir d'être un homme tout simplement. L'influence de Césaire et de la littérature contestataire des Caraïbes, les auteurs existentialistes - et notamment Sartre - le marxisme vont marquer son attitude et son action.
Il fait porter son analyse sur le concept de liberté, auquel il
attache un double sens : la liberté politique, c'est-à-dire impossible dans l'état colonial sous le joug et l'exploitation de l'étranger. Liberté, donc, dans le sens formel qui lui donne les hommes politiques africains. Mais, pour Fanon, il y a aussi la liberté individuelle, qui est à la fois la liberté existentielle dans l'exégèse sartrienne (la conscience de la liberté et le libre choix) et la liberté sociale (liberté de l'individu au sein de l'Etat et de la société).
Fanon observe que l'homme noir ne peut pas être libre à cause de l'aliénation qu'il subit ou que le colonialisme le fait subir. Il est colonisé, aliéné dans le plus profond de sa conscience à cause des conditions matérielles et intellectuelles dans lesquelles il est forcé de vivre. Il développe ,un complexe d'infériorité vis-à-vis de son colonisateur blanc. Puisque l'aliénation devient un blocage à la liberté, conclut Fanon, seule la violence révolutionnaire peut mener à une vraie décolonisation, à la liberté sociale et à la désaliénation individuelle. La révolution, d'après Fanon, est un changement violent et fonda mental des institutions sociales et politiques, de la structure de classe, des normes et des valeurs, de la conscience et de la personnalité humaines. Par la violence, le colonisé se libère de son complexe d'infériorité, de son humiliation ; une solidarité des opprimés se forme. C'est là peut-être que nous voyons l'ébauche d'une conception de la lutte de classes qui a valu à Fanon des critiques acerbes de la part des marxistes t d'autres. L'alliance de classes qui sera à la base de cette solidarité des opprimés aura comme force motrice la paysannerie qui constitue la grande majorité à laquelle viendront se joindre le lumpenprolétariat et les intellectuels révolutionnaires urbains qui prendront la direction du mouvement. Il exclut la bourgeoisie nationale et le prolétariat à cause du rôle de support qu'ils ont joué ou jouent dans l'économie coloniale et néocoloniale. Fanon donne une définition toute personnelle du mot « prolétariat » qui, selon lui, comprend les mineurs et les débardeurs aussi bien que les interprètes et les infirmières; clairement, il pense souvent à ce que les marxistes appelle raient « la petite bourgeoisie ». Fanon brosse le tableau d'une société idéale dans laquelle « le modèle communiste de Marx et la communauté idéale de Rousseau se rejoignent ».
Download Citation
Endnote/Zotero/Mendeley (RIS)BibTeX