Bulletin en ligne du CODESRIA, No 9, Septembre 2025 - Initiatives de recherche pour la construction du sens (MRI) du CODESRIA 2025: Rapport de sélection des candidatures

Lancée en juillet 2017, l’Initiative de recherche pour la construction du sens (MRI) est le principal outil du Conseil dans la promotion de la recherche en sciences humaines et sociales. En novembre 2024, la quatrième édition du programme MRI a été lancée et trois catégories d’appels à candidatures ont été diffusées en anglais, en français et en portugais : la bourse MRI générale (GF), la bourse MRI spéciale pour les chercheuses (SFFS) et la bourse MRI de recherche avancée senior (ASRF). Ces appels ont été spécifiquement conçus et sont alignés sur les objectifs du Plan stratégique 2023-2027. Le présent rapport rend compte du processus de sélection. Il est organisé en six sections :

□. Analyse des candidatures

□. Processus de sélection

□. Propositions retenues

□. Avis des évaluateurs

□. Recommandations pour la mise en œuvre future de la MRI

□. Annexe : Liste des projets retenus

I.   ANALYSE DES CANDIDATURES

À la clôture des appels à candidatures, 405 dossiers ont été reçus dans les trois catégories : GF, SFFS et ASRF. À l’issue de la présélection, 68 candidatures ont été rejetées soit en raison de leur très mauvaise qualité, soit du fait qu’elles étaient incomplètes ou ne présentaient pas de diplôme de doctorat. Ce processus de présélection a réduit le nombre de candidatures conformes à 337, base de l’analyse ci-dessous.

Candidatures reçues :

Au sein des 337 candidatures conformes, 199 ont été soumises dans la catégorie MRI GF, avec 105 projets de groupe et 94 projets individuels, 133 candidatures ont été reçues dans le cadre du SFFS, et 5 ont été soumises dans la catégorie ASRF.

figure1 (voir PDF)

Répartition par sexe :

Les  candidatures  féminines  sont  fortement  représentées,  avec  66 %  des  candidats s’identifiant comme des femmes et 34 % comme des hommes, comme le montre le graphique.

figure 2 (voir PDF)

Représentation féminine et masculine chez les coordonnateurs :

Sur les 199 propositions soumises dans la catégorie générale du programme MRI, 49 sont coordonnées par des femmes et 150 par des hommes. Les 133 propositions soumises dans le cadre du SFFS sont toutes coordonnées par des femmes. Pour l’ASRF, les 5 propositions reçues provenaient de chercheurs de sexe masculin.

figure3 (voir PDF)

Répartition linguistique des propositions :

Le graphique illustre la répartition des propositions par langue : 218 des 337 propositions de recherche soumises sont rédigées en anglais, 99 en français et 20 en portugais.

figure4 (voir PDF)

Répartition régionale :

Comme le montre le graphique suivant, la répartition régionale des 337 candidatures révèle une  forte  concentration  en  Afrique  de  l’Ouest,  qui  représente  55 %  du  total  des candidatures. L’Afrique de l’Est suit avec 15 %, tandis que l’Afrique australe et l’Afrique centrale représentent chacune 14 %. L’Afrique du Nord porte les 2 % restants de candidatures éligibles.

Carte1 (Voir PDF)

Disparités au niveau national :

La carte 1 met en évidence d’importantes disparités dans la représentation nationale des candidatures présélectionnées. Le Nigéria, notamment, compte plus de 200 candidatures, tandis que de nombreux autres pays en ont enregistré moins de 10, voire aucune. Le volume de candidatures par pays a été classé en cinq catégories :

• Très faible (1 à 10 candidats)


• Faible (11 à 30)


• Moyen (31 à 80)


• Élevé (81 à 150)


• Très élevé (151 à 210).

Cette répartition met en évidence un déséquilibre géographique persistant de participation entre pays africains. Le Conseil en est conscient, ayant constaté une tendance similaire lors des précédentes éditions du programme MRI. Pour relever ce défi, une campagne de diffusion ciblée a été lancée en décembre 2024, touchant 170 chercheurs, administrateurs d’université, responsables académiques et centres de recherche en sciences humaines et sociales à travers le continent. Des efforts supplémentaires ont notamment consisté à contacter directement les facultés et départements concernés, ainsi qu’à faire appel aux anciens bénéficiaires du programme MRI afin qu’ils contribuent à diffuser l’appel à candidatures au sein de leurs réseaux.

Le 24 janvier 2025, le Conseil a également organisé une séance d’information virtuelle sur les subventions offertes dans le programme MRI, avec la participation de plus de 100 personnes de plusieurs pays. Malgré ces initiatives, la répartition géographique des candidatures reste inégale. Cela souligne la nécessité de stratégies plus adaptées et plus durables dans les régions encore sous-représentées. Il est utile d’améliorer l’accès aux programmes de recherche du CODESRIA en organisant des réunions périodiques, en présentiel, ou virtuelles, et en établissant des points focaux au sein des universités et instituts de recherche à travers le continent. Des personnes-ressources qualifiées, présentes dans ces points focaux, pourraient activement accompagner les potentiels candidats dans l’accès aux informations pertinentes. Lorsque nécessaire, des supports (affiches, brochures, etc.) faciliteraient également la diffusion d’informations sur le programme. Cette approche contribuerait à renforcer la visibilité et la cohérence des activités du Codesria en encourageant une plus large participation de jeunes chercheurs, notamment ceux issus de pays et régions sous-représentés.

II.  PROCESSUS DE SÉLECTION

Le processus de sélection s’est déroulé en trois phases. La première phase a consisté en une mise à jour complète des bases de données des évaluateurs anglophones, francophones et lusophones. Cette mise à jour, soigneusement alignée sur les thématiques des propositions de recherche, a permis d’identifier les lacunes en termes d’expertise d’évaluateurs, et de performance d’évaluateurs dans la réalisation de leurs obligations lors des précédentes éditions du programme MRI. Les évaluateurs ont été sélectionnés en fonction de leur niveau  académique  et  de  leurs  qualifications  professionnelles,  et  leur  répartition géographique et linguistique a été équilibrée afin de garantir une représentation et une couverture adéquates de l’ensemble des candidatures reçues. Néanmoins, dans certains cas, la mise en adéquation des thèmes des propositions de recherche avec les domaines d’expertise spécifiques d’évaluateurs disponibles s’est avérée difficile.

Lors de la deuxième phase du processus de sélection, les candidatures des catégories GF et SFFS ont été soumises à 46 évaluateurs externes. Les candidatures dans la catégorie ASRF ont été examinées par deux évaluateurs externes. Chaque évaluateur devait procéder à une revue critique des propositions, en se concentrant sur des éléments clés tels que la solidité conceptuelle et méthodologique, l’originalité et le caractère innovant. Les évaluateurs ont également jugé si les travaux proposés avaient déjà été publiés, leur pertinence pour l’avancement de la recherche dans des domaines spécifiques et leur contribution aux débats scientifiques.

Il est important de rappeler que les évaluations sont alignées sur les priorités thématiques définies dans le Plan stratégique. Elles mettent en exergue le potentiel de chaque projet en matière d’apport de connaissances originales, conformément à l’esprit de construction du sens qui figure dans le document de cadrage du programme MRI. Afin de garantir la cohérence des normes d’évaluation, et dans le but de les standardiser au maximum, les évaluateurs ont reçu un guide complet détaillant les critères d’évaluation. Toutes les propositions ont été évaluées selon un système d’évaluation par les pairs en double aveugle. L’objectif est de garantir l’impartialité et la rigueur académique.

Outre des commentaires écrits sur chaque proposition, les évaluateurs doivent soumettre un rapport global résumant leurs réflexions sur l’ensemble des candidatures évaluées. Un rapport  consolidé,  synthétisant  l’ensemble  des  retours  des  évaluateurs,  sera  produit ultérieurement. Globalement, si les évaluateurs ont reconnu des améliorations dans la qualité rédactionnelle, ils ont souligné un écart persistant entre les normes élevées attendues dans le cadre du programme MRI et le nombre important de propositions substantiellement faibles et mal construites. Il s’agit là encore d’un défi chronique que doit relever le Conseil. Les précédentes tentatives de correction de ces faiblesses reposaient sur l’hypothèse de problèmes au niveau de la formation supérieure dispensée dans les universités d’origine des candidats.

Le processus d’évaluation a pris plus de temps que prévu, en grande partie en raison du retard de certains évaluateurs qui, bien qu’ayant initialement accepté la mission, n’ont pas répondu aux rappels répétés. Il a donc fallu identifier et recruter d’autres évaluateurs présentant les profils académiques appropriés afin de garantir la réalisation rapide du processus d’évaluation.

Lors de la troisième phase, un comité mixte composé de membres des programmes Recherche et TGF du Secrétariat a examiné les rapports d’évaluation et procédé aux arbitrages nécessaires. Le processus de sélection a pris en compte de multiples critères, notamment la qualité des propositions (telle que reflétée par les notes et les commentaires des évaluateurs), l’équilibre régional et linguistique, et la pertinence thématique. Dans cet exercice, la qualité des candidatures, traduite dans les notes attribuées par les évaluateurs externes, est demeurée une variable intangible.

1. PROPOSITIONS RETENUES

Le sous-comité du Secrétariat du CODESRIA a sélectionné les propositions jugées les plus compétitives sur la base des critères définis. Les propositions retenues sont réparties comme suit :

Le sous-comité du Secrétariat du Codesria a sélectionné les propositions jugées les plus compétitives sur la base des critères définis. Les propositions retenues sont réparties comme suit :

• MRI ASRF : Sur les 5 propositions reçues, 4 étaient rédigées en anglais et 1 en français, toutes soumises par des chercheurs de sexe masculin. Le comité a sélectionné une proposition en anglais. Priorité a été donnée aux propositions présentant un potentiel en matière de leadership intellectuel et en termes de contributions théoriques et méthodologiques innovantes pour le domaine d’étude.

• MRI SFFS : Sur les 133 propositions reçues, 98 étaient rédigées en anglais, 33 en français et 2 en portugais. Le comité a sélectionné 16 propositions dans cette catégorie : 14 en anglais et 2 en français. Les propositions soumises en portugais n’ont pas été recommandées, car elles ne répondaient pas aux normes de qualité requises.

• MRI GF : Sur les 198 propositions soumises, 115 étaient rédigées en anglais, 65 en français et 18 en portugais. Le comité a recommandé 15 propositions en anglais, 5 en français et 2 en portugais.

Sur la carte 2, la répartition géographique des nationalités des candidats retenus montre l’Afrique de l’Ouest avec 41 % de représentation, suivie de l’Afrique de l’Est (26 %), de l’Afrique australe (11 %), de l’Afrique centrale (7 %) et de l’Afrique du Nord (7 %). L’échelle de classification appliquée aux projets sélectionnés va de très faible (1-2) à faible (3-4), moyen (5-6), élevé (7-8) et très élevé (9-11). Comme le souligne la carte, cette répartition indique que les projets sont concentrés dans un nombre limité de pays, l’Afrique de l’Ouest occupant la première place en termes de représentation, et qu’il y a une quasi- absence de l’Afrique du Nord. Les données indiquent que certaines régions et certains pays proposent systématiquement des projets plus réussis, tandis que d’autres restent sous- représentés. Ce déséquilibre peut être lié à divers facteurs, notamment la démographie et les ressources disponibles pour l’engagement intellectuel. Bien sûr, il existe également des héritages coloniaux qui, historiquement, ont influencé l’accès à l’enseignement supérieur et à une formation de qualité.

Carte 2 (Voir PDF)

IV.  POINT DE VUE DES ÉVALUATEURS

Comme  indiqué  précédemment,  46 évaluateurs  externes  ont  participé  au  processus d’évaluation en double aveugle. Ils ont été sélectionnés dans la base de données du CODESRIA en fonction de leurs domaines d’expertise et de leur expérience scientifique. En moyenne, 15 propositions ont été soumises à chaque évaluateur.

Selon un nombre significatif d’évaluateurs, globalement, les propositions étaient de qualité moyenne,  seules  quelques-unes  présentaient  un  potentiel  académique  élevé.  Les propositions couvrent des thèmes variés, notamment l’économie informelle, les inégalités de genre,  l’entrepreneuriat,  la  gouvernance  économique,  la  colonialité,  les  savoirs endogènes/la transformation sociale et les questions climatiques/écologiques. La plupart correspondent aux priorités et aux thèmes transversaux du Conseil, avec un nombre notable portant sur l’écologie et l’environnement.

Plusieurs évaluateurs ont noté que de nombreuses propositions répondent aux normes attendues de rigueur théorique et méthodologique, offrent de nouvelles perspectives et présentent un fort potentiel d’avancement des connaissances. Un évaluateur a observé :

La plupart des propositions s’appuient sur des cadres théoriques bien définis, incluant la théorie féministe, des modèles socio-écologiques et des approches à méthodes mixtes, renforçant ainsi la crédibilité et la rigueur de leurs études.

De même, un autre évaluateur a fait remarquer :

La qualité des propositions est généralement bonne, à l’exception de quelques-unes, comme en témoignent les notes attribuées.

Les évaluateurs ont également souligné la grande qualité de plusieurs propositions soumises dans le cadre de l’appel spécial destiné aux chercheuses. Ces propositions sont solides en termes d’orientation thématique, de définition de la problématique, de questions de recherche, de cadre théorique et de revue de la littérature. Comme l’a noté un évaluateur lusophone :

De uma forma geral, os projetos apresentados no quadro da chamada especial ‘Mulheres Académicas’apresentam um elevado grau de maturidade. Com efeito, tanto as temáticas, a definição do problema de pesquisa, as questões e os objetivos de investigação, o modelo teórico  de  análise  e  a  revisão  de  literatura  demonstram  uma maturidade significativa. Todos os projetos são relevantes tanto do ponto vista teórico quanto empírico, no sentido de poder oferecer importantes inputs ao processo de definição de políticas públicas.¹

De même, un évaluateur francophone a noté :

Dans l’ensemble, les propositions sont bien rédigées, pertinentes et solidement argumentées. Elles présentent des problématiques claires et actuelles, mobilisent des approches méthodologiques appropriées, et  présentent  des  stratégies  de  mise  en  œuvre  réalistes.  Les propositions  émanant  de  l’appel  spécial  femmes  abordent  des thématiques cruciales en lien avec l’autonomisation économique, sociale et politique des femmes et contribuent à une meilleure intégration des enjeux de genre dans la recherche.

Les citations ci-dessus mettent en évidence les points forts dans la conception des projets, soulignant à la fois leur pertinence théorique et empirique et leur potentielle capacité à apporter de précieuses contributions à la formulation de politiques publiques.

Les évaluateurs ont identifié plusieurs limites dans d’autres propositions, notamment leur faiblesse en matière de respect des critères de qualité attendus. Bien que les propositions de recherche couvrent largement la diversité géographique du continent, des faiblesses majeures ont été observées dans le traitement de questions conceptuelles fondamentales. Un évaluateur a fait remarquer que, malgré la bonne qualité globale de plusieurs propositions, certaines manquaient de clarté ou de profondeur conceptuelle. Cela a été repris dans plusieurs critiques, dont une rédigée en français :

Dans l’ensemble, les propositions sont bien rédigées, pertinentes et solidement argumentées. Elles présentent des problématiques claires et actuelles, mobilisent des approches méthodologiques appropriées et présentent des stratégies de mise en œuvre réalistes. Cependant, une partie de ces projets présente des faiblesses, en particulier au niveau de leurs cadres théoriques et méthodologiques. Ces faiblesses fragilisent davantage leurs objectifs.

En bref, ces commentaires reflètent un sentiment général de satisfaction quant à la qualité de nombreuses propositions de recherche, tout en soulignant les domaines à améliorer.

Certaines propositions ont suscité des préoccupations, notamment en ce qui concerne le manque général d’innovation et de qualité. D’après les rapports d’évaluation, plusieurs propositions traitent de manière répétitive les thèmes abordés et manquent de clarté. De plus, certaines présentent des sections méthodologiques faibles et, dans la plupart des cas, ne correspondent pas à l’objectif principal des appels à propositions MRI. Comme l’a observé un évaluateur :

Les propositions diffèrent en termes de conceptualisation ; beaucoup ont été soumises ailleurs ou ne sont pas adaptées à cet appel. Par conséquent, certaines revues de la littérature sont vagues. Concernant la construction du sens, je m’attendais à ce que les bonnes propositions expriment clairement le type de sens qu’elles abordent ou qui les préoccupe. La plupart des propositions restent muettes sur le contexte historique des phénomènes examinés. Elles semblent aborder des questions récentes, alors que nombre de sujets requièrent un approfondissement des racines historiques.

En général, si les thèmes sont considérés comme « attrayants » et pertinents comme sujets de recherche, notamment en ce qui concerne les chercheuses, certains auteurs peinent encore à démontrer une bonne compréhension de la formulation des questions nécessaires pour mener des recherches de pointe. Par rapport à l’édition précédente du programme MRI (2023-2024), la qualité technique et linguistique des propositions s’est légèrement améliorée. De plus, l’inclusion d’approches plus innovantes a contribué à l’augmentation du nombre de propositions recommandées pour un soutien.

À titre comparatif, l’Afrique de l’Ouest enregistre une forte participation par rapport aux autres régions du continent. Cette tendance a été observée lors des précédentes éditions du programme MRI, et ce, depuis la session inaugurale en 2017. Elle reflète également les observations effectuées dans d’autres grands programmes du Codesria. Bien entendu, ce pourcentage  est  majoré  principalement  par  le  nombre  généralement  plus  élevé  de participants du Nigéria et du Cameroun.

Enfin, certains évaluateurs ont partagé des commentaires sur les principaux défis et formulé des recommandations. Une préoccupation récurrente est la valorisation insuffisante de la production  scientifique  africaine.  Dans  plusieurs  propositions,  y  compris  celles recommandées pour sélection, la production scientifique africaine demeure sous-exploitée. Un meilleur ancrage dans la recherche menée sur le continent et dans les pays cibles renforcerait considérablement les fondements théoriques des travaux. Voici, par exemple, ce qu’a observé un évaluateur francophone :

Un autre constat est le manque de valorisation des savoirs produits sur le continent. Dans la majorité des propositions et y compris celle dont je recommande la sélection, la production scientifique africaine est souvent totalement ignorée. Les cadres théoriques, les connaissances les plus récentes, la revue des hypothèses concurrentes gagneraient à trouver un ancrage plus important dans les recherches conduites sur le continent et dans les pays ciblés.

Les évaluateurs ont également souligné la nécessité d’une diffusion plus systématique des informations sur les programmes et les subventions de l’institution, au-delà du site web du Conseil. Pour accroître la visibilité et l’accès, des stratégies de communication plus larges — telles que l’utilisation d’affiches, de dépliants et autres supports de communication publique

— devraient être élaborées et activement promues afin d’assurer une diffusion plus large des travaux et des objectifs du Codesria, en particulier dans les régions où les activités du Conseil sont moins connues et où la technologie n’est pas un soutien efficace. À cet égard, un évaluateur a suggéré que le secteur privé pourrait constituer une source potentielle de financement pour le Conseil, tout en offrant des possibilités de renforcer la présence du Codesria dans ces régions.

Les évaluateurs ont reconnu la pertinence des thèmes présentés dans les propositions, mais ont souligné d’importantes faiblesses théoriques et méthodologiques. Ils ont souligné l’absence de perspectives panafricaines et décoloniales fortes, pourtant essentielles pour des institutions comme le Codesria. Plusieurs projets manquent de positionnement et n’abordent pas la réflexivité. Ils sont très « extravertis » dans leur manière d’aborder la littérature produite en Afrique et par des Africains.

Les auteurs omettent souvent de réfléchir de manière critique à leur propre positionnement en tant qu’intellectuels, à leurs contextes d’origine au cours du processus de recherche et à la complexité des réalités auxquelles ils s’intéressent. Cela a un impact direct sur la collecte de données et, par conséquent, sur l’analyse et les résultats de recherche, qui finissent par être moins pertinents, voire « extravertis ». Ils s’appuient souvent sur des cadres scientifiques coloniaux, présentant les chercheurs comme une élite détentrice de savoirs peu encline à interagir avec les communautés ou à coproduire des connaissances.

Les évaluateurs ont souligné l’importance d’intégrer les savoirs locaux et autochtones afin de refléter les identités locales et ont exhorté les chercheurs africains à exprimer plus ouvertement leurs subjectivités politiques. Si le recours à des sources orales dans certains projets est louable, les sections méthodologiques de ces études sont globalement faibles et doivent conceptualiser et expliquer plus clairement le processus de recherche.

Malgré les difficultés soulignées par les évaluateurs dans leurs évaluations, il convient de saluer les efforts continus du Conseil dans l’amélioration de la qualité académique des chercheurs africains grâce à des initiatives telles que le programme MRI. Le Codesria joue un rôle essentiel dans la promotion d’une recherche critique, contextuelle et transformatrice sur tout le continent.

1. RECOMMANDATIONS POUR UNE FUTURE MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME MRI

Plusieurs rapports et commentaires d’évaluateurs proposent des suggestions pour les futurs appels à projets du programme MRI. Parmi celles-ci :

• La fourniture de feedback ciblé et d’opportunités de renforcement des capacités aux candidats : cela pourrait inclure un atelier de pré-soumission pour renforcer la formulation de leurs propositions de recherche et de leur méthodologie, augmentant ainsi le nombre de propositions compétitives.


• Des améliorations pour éviter les retards dans le processus d’évaluation : lors des prochains cycles, nous pourrions envisager des stratégies pour atténuer les retards. Certains évaluateurs n’ont pas respecté les dates limites de soumission ou n’ont pas réagi aux  relances,  ce  qui  a  nécessité  des  remplacements  et  prolongé  le  délai d’évaluation  au-delà  de  l’objectif  initial  d’avril 2025.  Parmi  les  stratégies possibles, nous pourrions :

1— Améliorer la sélection des évaluateurs : privilégier les évaluateurs ayant fait leurs preuves en matière de soumission ponctuelle.

2— Ajuster le calendrier : prévoir un délai supplémentaire entre la date limite officielle et la date limite finale, afin de prévoir une marge pour les soumissions tardives sans impacter le calendrier global.

3— Élargir le pool d’évaluateurs : tenir une liste de réserve d’évaluateurs remplaçants pouvant être rapidement sollicités en cas de désistement ou de non-respect des délais par un évaluateur principal.

• Améliorer la sensibilisation dans les pays sous-représentés : si des efforts de sensibilisation ciblés ont permis d’accroître le nombre de candidatures de certains pays sous- représentés, certaines régions et certains pays demeurent absents. Cela suggère la nécessité d’explorer d’autres approches pour sensibiliser et pour lever les obstacles à l’accès qui entravent la participation.


• Renforcer le processus de sélection des candidatures en introduisant une vérification initiale de l’éligibilité avant l’examen complet des dossiers et en mettant en place un système automatisé de signalement de candidatures multiples ou de candidats inéligibles. De plus, envisager de renforcer la conformité par des rappels plus visibles des règles d’éligibilité, tant dans l’appel à candidatures que dans toutes les communications avec les candidats, afin de réduire le nombre de soumissions non conformes.


• Envisager l’élaboration et le partage d’un protocole standardisé d’élaboration de propositions de recherche comprenant des modèles clairs et des instructions étape par étape, afin d’aider les candidats à satisfaire aux normes d’éligibilité et de qualité du programme avant le dépôt de leur candidature.


• Renforcer le partenariat et la coordination directe entre le Codesria et les institutions de recherche universitaire africaines.


• Développer des liens entre les institutions de recherche universitaire et les secteurs public et privé. Le CODESRIA pourrait entreprendre des actions de sensibilisation auprès des secteurs public et privé par l’intermédiaire des points focaux facilitateurs.


• Envisager un soutien ciblé aux candidats soumettant des propositions dans des langues sous-représentées, telles que le portugais et l’arabe, avec des directives traduites, afin de réduire les disparités linguistiques et d’encourager une participation plus large.

VI.         ANNEXE : PROJETS RETENUS (Voir PDF)

^{1 Globalement, les projets présentés dans le cadre de l’appel spécial « Femmes universitaires » témoignent d'une grande maturité. En effet, les thèmes, la définition de la problématique de recherche, les questions et objectifs de recherche, le modèle d’analyse théorique et la revue de la littérature témoignent d'une maturité significative. Tous les projets sont pertinents tant d'un point de vue théorique qu’empirique, et apportent des contributions importantes au processus d'élaboration des politiques publiques.}