L'histoire africaine et la reproduction idéologique des rapports de production exploiteurs
Corresponding Author(s) : Cadman Atta-Mills
Afrique et développement,
Vol. 1 No 1 (1976): Afrique et développement
Résumé
RÉSUMÉ Cet article a pour but d'analyser les travaux effectués sur l'histoire africaine et d'en démontrer les bases idéologiques en fonction de la structure particulière des rapports de production entre formations capi talistes (européennes) et pré-capitalistes (africaines). L'auteur établit un lien entre les rapports de production et la « production » d'oeuvres sur l'histoire africaine, la différence entre historiens dits progressistes et historiens réactionnaires relevant plutôt du mythe que de la réalité. L'approche européocentrique à l'histoire africaine est voisine de celle plus récente dite afrocentrique par l'abstraction qui en est faite des rapports de classe et des rapports de production ; les deux approches sont influencées par le même moralisme et le même idéalisme subjec tifs. L'avènement et l'expansion du capitalisme nécessitaient la produc tion d'idéologies mystificatrices. L'idéologie de mystification coloniale allait succéder aux idéologies des classes exploiteuses des formations pré-capitalistes en Afrique avec des conséquences beaucoup plus désas treuses. La petite bourgeoisie naissante menait son combat contre l'idéo logie coloniale et non contre les rapports de production. Les pratiques idéologiques des classes dominantes dans les métro poles capitalistes font partie intégrante du processus de reproduction des conditions favorables à la pénétration et à l'accumulation du capi tal. C'est dans ce cadre que les sciences sociales jouent un rôle idéolo gique, et l'anthropologie notamment doit être considérée comme une branche de la science coloniale. Pour étayer son argument, l'auteur fait mention d'un séminaire organisé par le « Social Science Research Council » des Etats-Unis et dont le rapport « L'inégalité en Afrique » fut publié récemment (1975). Il met en garde contre les risques de telles conférences, notamment en ce qui concerne les mouvements de libé ration, ceux de l'Afrique australe en particulier, et il conclut : « Pour des raisons évidentes, les mouvements de libération eux mêmes se refusent à être étudiés (exception faite cependant pour ceux qui travaillent en solidarité avec leur cause). Selon les normes mêmes de l'idéologie libérale, si un sujet de recherche refuse à se soumettre à la recherche, les chercheurs ont le devoir de respecter ce droit démo cratique du sujet ».
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