10 - Ideologies, Governance and the Public Sphere in Cameroon
Corresponding Author(s) : Nfamewih Aseh
Afrique et développement,
Vol. 36 No 1 (2011): Afrique et développement
Résumé
L’histoire fondatrice du Cameroun, en tant qu’État-nation, a été influencée par des facteurs imposés de l’extérieur, ce qui signifie également que la philosophie politique fondatrice sur laquelle repose l’État néocolonial au Cameroun remonte à des sources étrangères. Ainsi, l’existence du Cameroun n’est fondée sur aucune base philosophique indigène d’où aurait dû émerger une vision du monde indigène, avec sa religion, sa littérature, sa peinture, sa musique, etc., pour régir une sphère publique qui découle de sa propre réalité et soutient celle-ci. Et puisque l’ « Idée de Kamerun » a été transformée en une structure politique néocoloniale pendant la Guerre Froide aux fins d’atteindre un objectif économique étranger, comme l’idée initiale elle-même, l’un des moyens pour atteindre cet objectif visé passait par la domination de la sphère publique avec des expressions idiomatiques qui prétendent rendre la vie plutôt que de soutenir la réalité qui, en même temps, cherchaient à détruire le fondement de toutes les philosophies politiques indigènes, toutefois sans aucune intention d’établir un idéal universel. L’hypothèse avancée par cet article est que, pour que la philosophie fondatrice étrangère soit maintenue et reproduite dans le domaine public pour la survie de l’État kleptocrate orienté vers l’extérieur, il fallait inonder la sphère publique de mécanismes idéologiques de médiation publique pour le contrôle épistémique efficace de la population. Il en résulte l’émergence d’une sphère publique fracturée et contestée qui « favorise » de façon sélective certaines catégories sociales pour la réussite du projet de domination. Cet article qui cherche à développer une théorie expliquant le fonctionnement de la sphère publique dans un contexte néocolonial examinera donc, d’un point de vue historique, les origines d’un échantillon choisi dans les expressions idiomatiques qui régissent la sphère publique au Cameroun et les options idéologiques qu’elles représentent, en tant que préférence méthodologique pour montrer leur corrélation avec le projet de domination. L’objectif est de montrer comment la gouvernance est assurée par le rôle aliénant d’une sphère publique incohérente – dominée par des représentations d’idéologies étrangères – qui ne cherchent pas à créer une conscience commune chez tous les citoyens, mais plutôt à faciliter le maintien et la perpétuation d’une image fracturée des « Lumières ». Cela est renforcé par un style de gouvernance qui prospère sur une sphère
10- Aseh.pmd
170
20/08/2011, 13:31
Aseh: Ideologies, Governance and the Public Sphere in Cameroon
publique fracturée dont la compréhension devrait illustrer une sphère publique qui encourage des notions hybridisées cruciales pour l’interface, l’ingérence, la destruction et la domination étrangères dans le projet global « d’édification de la nation ». L’article vise également à montrer le rôle des influences transterritoriales dans le « développement » de la sphère publique au Cameroun et comment il a évolué au fil des années.
171
Introduction
The public sphere in what became Cameroon during the last half of the 20th century – emerging as a kleptocratic state, erected on a foreign founding philosophy, with its founding history thus traceable to a foreign historical source – is dominated by a multiplicity of intersecting and conflicting mechanisms of public mediation. A large part of these represent sets of ideas of foreign origin which were introduced in that part of Africa following the invasion by Europeans in the 19th century. This was in addition to the earlier introduction of the Islamic public sphere in Africa by the invading Arabs who spilled out from the Arabian deserts from 640, following a new awareness of the conquering role of Islam after the death of Muhammad in 632. The intention was to arrest Africans ideologically for the success of the project of ecological invasion, political domination and economic enslavement. All of these had the one objective of robbing Africa’s natural wealth, with the consent and participation of Africans themselves, for the industrial and economic expansion of European countries and that of the North in general. None of these ideational representations may seem to point to a clearly defined governing or dominant ideology as all of them compete for space, moderated by economic rather than discursive relations, thus helping to fragment the ‘public’ in a way that ensures the maintenance of a neo-colonial power structure. This dislocates the generation and flow of discussions that should counterbalance the overbearing power of the neo-colonial state. However, these contradictions find unity in a dominant ideology all the same.
This process has been undergoing rapid changes, beyond the control of
Cameroonians who are mere subjects of foreign idioms. It seeks to destroy the indigenous basis on which a genuine depositary of ideas could emerge to govern the public sphere in Cameroon as a counterpoising dynamic to the project of domination by Europeans. The Europeans achieve their goal with the collaboration of their local neo-colonial allies in power, but with no intention of creating common ideals for self-representation, resulting in a hybrid public sphere arbitrated by economic imperatives. Up until now, political studies on Cameroon have focused neither on the realm of ideas, which has to do with the way Cameroonians have come to understand the world and how they are led by such ideas to go about their daily activities, nor on the structural publique fracturée dont la compréhension devrait illustrer une sphère publique qui encourage des notions hybridisées cruciales pour l’interface, l’ingérence, la destruction et la domination étrangères dans le projet global « d’édification de la nation ». L’article vise également à montrer le rôle des influences transterritoriales dans le « développement » de la sphère publique au Cameroun et comment il a évolué au fil des années.
Mots-clés
Télécharger la référence bibliographique
Endnote/Zotero/Mendeley (RIS)BibTeX