Technology Transfer by Multinational Corporations in Africa : Effects on the Economy
Corresponding Author(s) : Steven Langdon
Afrique et développement,
Vol. 2 No 2 (1977): Afrique et développement
Résumé
L'écart dans le domaine de la technologie entre pays riches et pays pauvres a été souligné par beaucoup d'auteurs ces temps derniers. L'on a par exemple soutenu qu'il suffirait que les connaissances tech nologiques actuellement disponibles soient transférées vers les pays moins développés pour que « leur transformation socio-économique s'opère rapidement ». En même temps, le rôle capital des sociétés multi nationales dans le développement et le transfert de ces connaissances a été reconnu. Et l'on a considéré ce rôle comme justification de l'atti tude des pays les moins développés qui consiste à encourager les multi nationales a intervenir dans leur économie. L'article de Steven Langdon examine la validité de ce raisonne ment dans le contexte africain. H nous dit : — premièrement, qu'il y a des facteurs économique.' particuliers expliquant le rôle capital des multinationales dans le transfert de technologie ; — deuxièmement, que ces facteurs sont à l'origine de problèmes importants causés par le transfert de technologie par des multi nationales vers les économies africaines ; — et troisièmement, que ces problèmes sont eux-mêmes à la base d'initiatives de politique économique qui elles-mêmes freinent et détournent un progrès économique considérable et équilibré dans beaucoup de pays africains.
La plupart des faits cités à l'appui de la thèse de l'auteur sont tirés du Kenya, en particulier de l'histoire du colonialisme, des colons et celle des hommes d'affaires asiatiques dans ce pays. Ces faits, typi quement kenyans, ne sauraient être généralisés à tout le continent. Ces conclusions doivent donc être nécessairement considérées comme non définitives. Cependant, quelques points capitaux apparaissent. Tout d'abord l'examen de la conception particulière que les multinationales ont du savoir technologique permet de comprendre leur rôle en Afrique. Nous pouvons ainsi comprendre pourquoi les coûts du transfert de technolo gie par les multinationales en Afrique sont si élevés, et aussi pourquoi les multinationales reproduisent en général leur technologie en Afri que. Cette reproduction est à l'origine de la limitation de l'emploi et aussi de l'effet de dépendance caractéristique du transfert de la tech nologie de production et de consommation par les multinationales pour ce qui est des alternatives. En même temps, il est clair que le succès du Transfert de technologie par les multinationales est préjudi ciables à ces alternatives, celles-ci étant basées sur l'initiative locale. Cette conception économique du savoir explique aussi pourquoi le marchandage par l'Etat peut être considéré comme une réaction socialement payante face au monopole technologique des multinatio nales. C'est cependant l'analyse des réalités de cette situation qui révèle clairement la nécessité d'un cadre plus élargi. Car cette situation ap paraît plutôt comme un moyen de renforcer les privilèges des multi nationales que comme un instrument de concrétisation de priorités so ciales. Une analyse poussée révèle une symbiose entre l'Etat et les multinationales pour ce qui est du transfert de technologie. Il est clair que ce transfert contribue à perpétuer des régimes qui façonnent des inégalités internes naissantes qui elles-mêmes font du transfert de technologie une opération commerciale rentable pour les multinatio nales. Cette symbiose semble être au coeur même d'une nouvelle relation de dépendance transnationale dans laquelle soit attirées les économies africaines. Dans ce contexte élargi, il serait naïf d'examiner dans une conclu sion les stratégies que les gouvernements africains pourraient adopter face au transfert de technologie par les multinationales étant donné son coût et les problèmes soulevés par ses conséquences sociales exter nes. Dans le cas de certains pays comme la Tanzanie, ce genre de considérations pourrait être utile (et apparaît d'ailleurs clairement dans la décision de compter beaucoup moins qu'ailleurs sur le transfert de technologie). Mais pour la plupart des pays africains, la question critique prioritaire serait de savoir comment établir un régime qui déter minerait réellement face aux multinationales une stratégie destinée à ser vir les intérêts de la majorité pauvre des Africains. Dans la dialectique de la lutte des classes qui doit nécessairement mener à une réponse à cette question, les effets du transfert de technologie par les multina tionales sont importants mais probablement pas déterminants. Le trans fert de technologie par les multinationales est actuellement à l'origine d'inégalités croissantes et de dualisme structural, mais elle engendre aussi la formation de classes sociales ce qui à moyen terme affaiblit tou te possibilité de réaction politique contre cette polarisation. En fin de compte, les effets sur la politique économique du rôle croissant des multinationales dans des pays comme le Kenya, le Ni géria, le Sénégal, la Côte d'Ivoire ou le Zaïre sont même moins cer tains ; ce qui ne fait d'ailleurs que confirmer l'appel lancé dans cette communication en faveur d'une analyse plus fouillée, plus systémati que, plus critique et soutenue de l'impact des multinationales dans les pays africains. Alors que les investissements des multinationales dans ce continent ne sont qu'un aspect du changement dynamique du système capitaliste mondial, ils constituent néanmoins pour beaucoup de pays africains, un aspect central et primordial de leur vie.
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