3 - The National Project as a Public Administration Concept: The Problematic of State Building in the Search for New Development Paradigms in Africa

Résumé

Au centre du débat autour des valeurs et de l’importance de la décolonisation, de la pensée développementale et de l’édification de la nation postcoloniale en Afrique se trouve la question du projet national. En théorie, un projet national est un concept imaginaire de l’élite politique, un outil de domination politique ou l’expression réelle complexe de la mobilisation d’idées et de réflexions ; il concerne la gouvernance. Il implique l’existence de certaines dimensions de nationalisme politique, économique et culturel, tant dans son cadre stratégique que dans son assise politique. Au moment de l’indépendance politique, la plupart des régimes politiques africains, indépendamment de la nature de leurs idéologies, de l’histoire de la formation de leurs États et de la façon dont ils ont obtenu l’indépendance politique, ont adopté et/ou créé certaines formes de projets nationaux en tant que fondements de leurs plates- formes sociales et économiques. Cependant, tout le monde sait que les États africains ont produit une administration publique relativement faible, morcelée, individualisée et personnalisée, basée sur des projets nationaux ambigus et confus. En Afrique, même les régimes réactionnaires se sont prétendus nationalistes. Pourquoi cela a-t-il été systématiquement le cas ? Il y a diverses interprétations des projets nationaux africains, qui sont devenus les projets de politique en principe supposés lier les élites politiques et les peuples africains les uns aux autres dans l’exploration de nouveaux modèles de développement. Bien que de nombreuses études aient été réalisées sur certains aspects du rôle des projets nationaux et des administrations publiques dans la projection du progrès social en Afrique, il n’y a pas eu à ce jour suffisamment d’études qui examinent d’un point de vue historique la notion de projets nationaux et leur rela- tion avec l’administration publique. Ainsi, dans cet article, je me propose en premier lieu d’examiner de façon critique l’historicité du concept de projet national tel que défini et projeté à travers divers types de régimes politiques et de mouvements sociaux africains choisis ; d’identifier leurs similitudes s’il y en a et de comparer leurs finalités politiques. En second lieu, utilisant des perspectives historiques structurelles et comparatives, j’analyse comment la notion d’administration publique a été incorporée et développée à l’intérieur du projet national. Il a été soutenu qu’aucun État contemporain n’est capable de rendre effectivement des services qui, à la longue, peuvent être traduits en infrastructures solides, sans développer une administration publique qui soit pertinente et appropriée dans le cadre du projet national de l’État. L’administration publique doit être un appareil de l’espace public dans lequel sont articulées les idées intégratives, la gestion publique, les valeurs sociétales et la citoyenneté

collective.

Je cherche aussi à comprendre la nature de la relation entre le projet national en tant qu’idéologie de l’État et l’administration publique en tant que fondement fonctionnel de l’État en Afrique et à voir comment cette relation peut favoriser la réflexion sur la notion d’agenda public ou l’espace public. Derrière cette réflexion analytique, la question plus large est l’idée que le concept de « public politique » défini à travers la relation entre les projets nationaux, les administrations publiques et les sociétés civiles devrait être considéré comme le ciment de la culture politique collective.